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 you know i'm no good (sia)

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Charlie Byers
Charlie Byers
member ▴ Everything Dies.
▴ avatar : chandler riggs.
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MessageSujet: you know i'm no good (sia)   you know i'm no good (sia) EmptyMer 14 Déc - 20:30


Il fixe le même papier depuis plusieurs jours à présent. Il l'a déchiré par endroits, froissé au point que les lettres bancales soient devenues illisibles. Pas besoin de les voir pour les lire. Il connaît ce message par cœur. C'est une obsession qu'il s'est créée lui-même. C'est une obsession marquée dans sa chair, un visage qui dérive dans ses pensées et une demande qui l'empêche de trouver un quelconque sommeil réparateur. Il navigue dans les eaux troubles de ses pensées, de ses désirs bafoués, de cette envie insatiable et de cette raison qui enchaîne. Il reste planté là, gamin paumé au fond d'une chambre terne. Y a les affaires de Sia un peu partout parce qu'elle est là depuis plus longtemps que lui. Parce qu'elle a sa place et qu'elle s'y tient. Lui, étranger dans cette forteresse d'illusions, n'a que quelques babioles qui comptent pour lui. Pas de vêtements supplémentaires, si ce n'est ceux déjà présents dans la chambre qu'on lui a indiqué après cet interrogatoire étouffant. Rien d'inutile. Juste ce qu'il lui faut s'il décide de s'enfuir. Juste comme ça. Sous l'impulsion du moment. Parce que Charlie ne s'est pas encore tout à fait installé. Il ne s'est pas intégré non plus. On le connaît comme aigri, comme un ours mal léché qui mord si on essaye de l'approcher de trop près. Il a le regard noir et la froideur plaquée au visage. Et il ne chérit que son mur de solitude qui encercle son cœur fané.

Il jette des regards circulaires dans sa chambre. Il est seul. Aucune oreille indiscrète, aucun œil trop curieux. Juste lui et son cœur battant la chamade. Juste lui et son anxiété chronique. Il agrippe son sac fermement, fixant sa montre fissurée comme pour bien s'assurer qu'il n'est pas en retard. Ridicule pensée quand les journées semblent longues et sans aucune signification durant une apocalypse. Il s'en fiche de ne pas être à l'heure. Il veut seulement le voir lui. Même si ce n'est que des paroles blessantes à son encontre, ce même surnom qui lui donne des boutons et cette même demande qui fissure un peu plus sa coquille. Il s'en fiche si c'est le seul moyen de revoir son frère. Il jette un dernier regard dans sa chambre parce qu'il essaye de trouver une futile raison de rester. Un moyen comme un autre de ne pas céder. Il se sait faible quand il entend la voix ferme de son frère. Il se sent faible quand il repense au même sang qui coule dans leurs veines. Il se sent encore plus faible quand son cœur tambourine dans sa poitrine à chaque fois que leurs yeux se croisent.

Personne ne fait attention à lui. Il a le comportement d'un fantôme et la discussion d'un mort. Personne ne l'approche. Personne ne se soucie de lui. Alors Charlie peut se faufiler jusqu'au mur qu'il grimpe à l'aide d'une astuce dont il se servait pour sécher les cours quand il était encore lycéen. Cette même vieille astuce qui l'a sauvée plusieurs fois et qui le met parfois en danger. Cette même astuce qu'il aurait préféré ne pas connaître, qu'il aurait préféré évitée pour ne pas avoir à refuser encore une fois. Sa langue claquant les trois lettres qu'il utilise, un non catégorique, cinglant, qui fissure encore plus son myocarde crevé par les mois d'enfer.

Il arrive vite au point de rendez-vous, le gamin. Juste à côté d'un asile, comme pour annoncer la couleur de l'entrevue. Il évite de faire du bruit, évite de tuer inutilement des morts. Garder son énergie, c'est l'une de ses règles pour survivre. Jamais rien faire qui nécessite de l'énergie sans que cela soit réellement nécessaire. Les morts sont lents. Les éviter ne lui demande qu'un bon mouvement de pieds. Les tuer, par contre, lui demande d'utiliser sa force et de risquer d'endommager son arme déjà bien amochée. Son frère n'est pas loin. Si Charlie est silencieux, son frère ne l'est pas. Ils ont toujours été diamétralement opposés, les deux côtés d'une même pièce. Une pièce à moitié brûlée. Rouillée. Calcinée. Piétinée... « Ross, Ross, Ross, Ross... » qu'il répète tout en chantant. Une mélodie d'une douceur cruelle et d'une chaleur étouffante. Ça lui fait du bien d'entendre son frère, il va pas mentir. Mais il sait qu'il n'est pas là pour lui. Il veut seulement détruire et détruire et détruire comme si son cœur était avide de sang et qu'il ne pouvait le satisfaire correctement. « Je suis venu pour te dire que je ne te dirai rien. Tu peux continuer à venir me torturer mais je ne ferai rien qui puisse blesser ces gens. » Il essaye d'être fort. D'être ferme. Parfois ça marche et on oublie le gamin brisé et effrayé qu'il est mais ce n'est qu'un masque qui n'est que voile quand son frère est là. Ils parlent et parlent. Il entend cette même chanson sordide. Il entend son frère le complimenter puis le descendre d'un coup. Il voit son arme plaquée contre sa tempe et se remémore toutes les fois où ses cauchemars ont presque tué Charlie. Charlie n'est pas un jouet. Il est fait de chair et de sang mais entre les mains de son frère, il a l'impression d'être un foutu pantin. Une putain de poupée en porcelaine brisée qu'on essaye vainement de recoller.

Il repart encore plus vide qu'il ne l'était au départ. Des questions qui fourmillent dans sa tête, des désirs plein le cœur. Et des doutes qui le rongent entièrement. Et si comme seule chanson. Et si comme seule réponse. Et si comme pour le hanter à vie. Il s'arrête le petit. Il tend l'oreille, referme sa poigne sur son pistolet. Il n'entend aucun gargouillis commun aux morts. Rien qu'un léger souffle qu'il pourrait confondre avec le vent mais la voix de sa colocataire de fortune répond à sa paranoïa pour lui. « Ta mère t'a jamais appris que c'était mal de suivre les gens ? T'as pas mieux à faire comme jouer à la dînette par exemple ? »
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